Nathalie Léger - Supplément à la vie de Barbara Loden

Publié le par rosalinde

Nathalie Léger – Supplément à la vie de Barbara Loden –Prix du Livre Inter – 150 pages – Ed. POL – 14 euros

« Résumons , écrit l’auteur. Une femme contrefait une autre écrite par elle-même à partir d’une autre,…. jouant autre chose qu’un simple rôle, jouant non pas son propre rôle, mais une projection de soi dans une autre interprétée par soi-même à partir d’une autre »

Waouh !!!! Tout simple !

Décryptons quand même ! Barbara Loden, actrice renommée et admirée ( = épouse d’Elia Kazan ) met en scène et interprète un personnage de « pauvre fille », Wanda, totalement passive et soumise ( = sorte de « Marie, couche toi ! ). Qui plus est, style Flaubert / Madame Bovary, Barbara Loden affirme «  It’s like showing myself in a way that I was ( = C’est comme me montrer moi-même comme j’étais ).  D’où la question récurrente et base de l’ouvrage = quel est le lien entre Wanda pauvre fille paumée et Barbara Loden dont Elia Kazan écrivait «  Elle est sauvage, originale, insolente et persifleuse ; elle est fringante avec les hommes…elle donne le sentiment de n’avoir peur d’aucun homme… » ? Que voulait montrer, que voulait dire Barbara Loden, la « libre » en « créant » Wanda, la « soumise » ?

Réponse difficile. Voir impossible. Les éléments de réponse manquent = le fils de Barbara ne donne pas accès au journal de sa mère, son ancien collègue du temps où elle dansait au Copacabana a tout oublié, les actrices consultées sur les rapports qu’elles entretiennent avec leurs rôles restent dans des généralités plus que floues…

Que reste-t-il dès lors du questionnement de l’auteur ? A vous de trouver. A vous de choisir. Wanda, un portrait de femme soumise inconditionnellement au mâle ? Ou Wanda « une femme qu fait la femme à fond…absente à elle-même, fuyante ou cherchant à esquiver la contrainte…dissimulant sa peine et son refus, simulant pour s’échapper » ? Wanda, la femme éternelle ? Bien sûr, à la sortie du film, les « féministes » ont fait chorus !

Mais peut-être  préférerez  vous vous arrêter sur la dernière image du livre, celle qui justement le clôt et qui pourrait être la conclusion ultime de l’auteur 

« Par en dessous, elle a regardé la piscine de Cap 3000, ce miracle figuratif qui avait fasciné les visiteurs à l’inauguration du centre commercial…..elle a croisé le regard d’une femme qui nageait lentement au fond, là, si près d’elle, glissant et tâtonnant , scrutant par les hublots immenses comme si elle jetait un œil outre-tombe, cherchant ce qui était perdu, puis remontant, et revenant, souriant, remontant, fuyant très vite, et revenant. » Il s’agit ici d’un souvenir de la mère de Nathalie Léger ( = visite du centre commercial Cap 3000 près d’Antibes qui avait une piscine à fond transparent en couverture ), souvenir sans rapport direct avec le propos du livre. Mais dans ce souvenir rapporté, n’y aurait-il pas un aveu d’impuissance ? L’aveu d’impuissance final de l’auteur. L’aveu d’impuissance des hommes à appréhender la vérité de l’Autre. D’un Autre qui se dérobe sans cesse et dont on ne voit que la mystérieuse gesticulation !

Publié dans romans biographiques

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