Fabrice Humbert - L'origine de la violence

Publié le par rosalinde

Fabrice Humbert – L’origine de la violence – 343 pages - Le livre de poche – 6,95 euros

Enterrer un grand-père oublié et caché….Faire un deuil omis et négligé….Décidément c’est la mode ! Après Emmanuel Carrère et   Un roman russe,  voici Fabrice  Humbert  L’origine de la violence 

 

 Un jour, dans un livre, j’ai cru que quelqu’un s’approchait de mes questions. Un écrivain qui affirmait n’écrire que sur la folie, le meurtre et la mort, et qui pensait que ses obsessions avaient pour origine un grand-père russe tué pendant la guerre. J’éprouvai en lisant ces lignes en quatrième de couverture un sentiment de reconnaissance. Je crus avoir trouvé un frère. J’achetai le livre… 

Fabrice Humbert est en fait à la recherche de lui-même. De cette peur et de cette violence qu’il porte en lui depuis toujours  et qu’il ne comprend pas. Par hasard, il se découvre un grand-père inconnu, soigneusement caché dans les conventions familiales ( = sombre histoire de passion, d’argent, d’amours clandestines et adultérines, etc…). Il cherche. Il trouve….On a presque envie de s’écrier «  Eurêka ! », tant l’occasion est propice à d’importants développements romanesques et historiques. Car « son histoire » a rencontré la Grande Histoire. Car ce grand-père caché était juif et est mort en camp de déportation….Alors, développements historiques, études et documents non moins historiques sur le nazisme et sa politique d’extermination « raciale », réflexions philosophiques sur le Bien et le Mal, etc …. C’est certes intéressant, cultivé, profond, et bien d’autres choses encore, mais c’est du « déjà vu ». Par contre le rapport que l’auteur établit entre ses peurs, ses violences et ce passé caché nous ouvre un champ ( nouveau ? ) de réflexions. Nous entrons dans le vaste et inconnu domaine de la psycho-généalogie, ce nouvel engouement des psychiatres qui veulent relier ( et expliquer)  notre histoire, via nos troubles psychiques et notre nébuleuse génétique à ( par ) l’histoire de nos ancêtres… !!!

Mais Fabrice Humbert n’est pas seulement un homme avide de se comprendre. Il est aussi, et il ne manque pas de nous le rappeler, un « prof ». Un prof lui aussi avide de se comprendre et de comprendre son métier. Et de même qu’ il nous fait partager son expérience psycho-généalogique, il nous fait de  même partager son expérience professorale. Alors là, mes amis et mes frères professeurs, lisez bien…et  rêvez bien. Car….Car  il existe quelque part dans ce pays ( sur terre ? ) un lycée « extraordinaire ». Pour ne pas le nommer ( mais Fabrice Humbert le nomme ) le Lycée Franco-Allemand ( =LFA ) de Buc ( près de Versailles )

  J’adorais cette ambiance détendue, hétéroclite : rien de mieux que ce savant désordre qu’on appelle l’esprit LFA ( = Lycée Franco-Allemand )…Au LFA aucune discipline n’était nécessaire, les couloirs étaient peuplés d’enfants et de jeunes gens mélangés, jouant aux cartes ou révisant leurs leçons, dans la plus totale liberté parce qu’ils n’outrepassaient pas les limites….…Ces mêmes élèves se passionnaient pour un cours d’une difficulté telle que je n’aurais pas osé le faire en licence à l’Université. Voilà l’esprit LFA….cet ahurissant mélange de travail et de bonhomie, de décontraction totale et d’avidité merveilleuse pour les études…. 

J’hallucine….C’est merveilleux !!! Un mirage…Un phantasme…Un rêve !!!… Mais il faut signaler quand même que Fabrice Humbert  est « arrivé » au LFA après un long séjour purgatoire-enfer dans un lycée professionnel de Seine Saint-Denis ( = le redoutable et redouté 9/3, la terreur de tous les jeunes profs débutants !!! ) Ceci expliquerait-il  cela ? …Tant il est vrai que comme le dit la sagesse populaire «  Après la pluie, le beau temps ». Après le 9/3,le LFA de Buc ! Mais aussi, et là ne s’arrête pas le bonheur de notre auteur ! Après avoir côtoyé toute la sauvagerie nazie, Fabrice Humber rencontre un improbable amour, en la personne de Sophie, petite fille ô combien belle et parfaite de l’ancien bourreau ( ? ) de son grand-père !!!  ….Oui vraiment « Après la pluie le beau temps ». Plus méchamment on a envie de conclure « Tout est bien qui finit bien »….  Fabrice Humbert quant à lui conclut par une parodie   Mon histoire [est] le délire d’un fou raconté par un idiot !

Et si cette « histoire », tout simplement n’était qu’une « histoire »…. 

Publié dans romans historiques

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